Bienvenue Henri
Une voie basse déclenchée, d’une grande intensité
Je rencontre tes parents en novembre chez Babynova. Tes parents recherchent une approche complémentaire pour se sentir rassurés. Un suivi médical mais un soutien émotionnel aussi. La grossesse c’est plein de sensations nouvelles, c’est s’ouvrir à l’inconnu, faire confiance à ce qu’on ne sait pas maîtriser, ce qui peut être assez stressant pour ta maman qui est déjà assez anxieuse de base. Mais elle est bien entourée de ton papa d’abord et de toute cette équipe pour prendre soin d’elle et de toi et de ton papa. Elle veille à son alimentation, son sommeil, elle tente au max de prendre soin d’elle. Elle a besoin d’être en confiance et de veiller à son équilibre.
Elle vascille un peu pendant la grossesse quand elle ressent des contractions et qu’on lui annonce un col trop fin avec un risque d’accouchement prématuré, puis plutôt un gros bébé qu’on devrait déclencher. En quelques semaines, elle passe de serrer les fesses, allongée, à devoir annuler des voyages et s’activer pour tout relâcher. Le terme approche et l’estimation ton poids suggère de ne plus trop attendre pour que tu vois le jour. Après évaluation, un déclenchement est approuvé de commun accord à 38,5SA. Mais ta maman te voyait arriver plus tard, spontanément, elle a peur d’avoir mal, de recourir à la péridurale, d’avoir une césarienne, que tout se passe en urgence… On tente de tout baliser pour sécuriser un max tes parents. Tout est expliqué d’étape en étape. Le jour J arrive, mélange d’excitation, de soulagement, et d’appréhension.
Ta maman ne supporte pas bien la prostaglandine, elle a mal. Elle est fatiguée. Elle doute. Elle voudrait rentrer. Hésitation. Et si on attendait encore un peu ? On y va doucement mais comme son col saigne, il est préférable de ne pas utiliser le ballonnet. Après discussion, on passe à une petite dose d’ocytocine, c’est le moment où je les rejoins. On change de chambre, direction la salle nature pour accompagner ces vagues avec le plus de douceur possible. Ballon, Bain, sons, assise, debout, appuyée en avant… Ta maman tente de gérer comme elle peut, mais malgré tous ses efforts, c’est trop fort. Elle demande qu’on la soulage. Elle craque, elle pleure. C’est pas comme ça qu’elle voulait que ça se passe. Pourquoi ça fait si mal ? Pourquoi elle n’y arrive pas ? Ton papa et moi on la réconforte, elle a déjà été si forte jusqu’ici. Elle peut être tellement fière d’elle. Une fois la péri posée, elle se sent enfin soulagée. On parle pendant des heures, de leur rencontre de voyages… Papa ne tient plus, il s’endort et je propose à ta maman, après pas mal de positions et de mobilisations, de se reposer aussi un peu.
Bonne nouvelle, ça avance mais à mesure que ta tête descend, la douleur se réveille. La péri ne semble plus fonctionner des masses. Maman voudrait qu’on lui réinjecte une dose mais si proche de la fin, on hésite à recourir à sa demande pour qu’elle puisse ressentir et participer activement à ta mise au monde. Mais c’est trop insupportable pour elle, elle nous supplie de l’aider. Une Sage Femme tente de la canaliser, de l’apaiser mais elle semble partie dans une intensité bien trop difficile à gérer. L’anesthésiste est rappelée pour la soulager. Elle suggère que tout le monde sorte pour créer de l’espace. Mais ta maman veut l’équipe qu’elle a choisie auprès d’elle et que la sage-femme se taise surtout, délicat. Ton papa est à ses côtés il fait du mieux qui peut « respire », « pousse », tu es bientôt là. Maman donne tout ce qu’elle a ! Les minutent passent, ton ptit coeur s’emballe avec tous ces efforts. Maman s’épuise dans les poussées, encouragée de tous les côtés. Tu arrives de travers. Ta tête n’est pas dans l’axe, ça explique pourquoi c’est si compliqué. Ta maman voudrait juste que tu arrives là maintenant tout de suite. Et pourquoi pas une césarienne finalement? Mais tu es bien trop engagé pour sortir par-là.
On a besoin d’une ventouse pour bien te réaxer et te donner un coup de pouce pour sortir. Première tentative de ventouse qui lâche. Deuxième, tu es réaligné. Troisième, on aide maman à pousser et à dégager tes épaules qui étaient bloquées. La scène est impressionnante. Nous sommes nombreux dans la pièce. Tout le monde a retenu son souffle. Ton papa est perplexe, sous le choc de l’intensité. Maman a hurlé de férocité. Te voilà Henri, enfin parmi nous! On admire ta carrure. Papa et maman s’empressent d’oublier pour ne se concentrer que sur toi. Tu es si beau, si bien réussi. Tes parents auront besoin de temps pour intégrer, digérer, accepter ce qui vient de se passer. C’était très fort comme toi et tes parents, Henri. Belle route à tous les trois.